Commentaires du restaurateur des toiles.

 

Ces œuvres, qui m’ont été confiées par l’Association des Amis de l’Eglise Sainte Anne d’Ollières pour être restaurées, étaient devenues, pour certaines, illisibles, et dans l’ensemble sévèrement dégradées. Le manque de soins et d’entretien régulier, l’humidité des lieux et l’œuvre du temps avaient profondément altéré les surfaces peintes entraînant une dégradation matérielle évolutive des toiles. Elles ont ainsi perdu progressivement leur résistance mécanique avec pour conséquences des trous, des déchirures, ainsi qu’une perte d’adhérence de la matière picturale à l’origine des chutes de peinture créant des « zones lacunaires ».

Ces altérations ont motivé cependant des interventions dans le passé, peu maîtrisées et excessives, dont le but était plutôt de « cacher la misère » que de s’attacher à l’esthétique d’ensemble et à la qualité d’origine.
Oubliées du public, il fallait donc redonner à ces œuvres une nouvelle jeunesse.L’opération de restauration entreprise consistait à retrouver une lisibilité optimale des images en éliminant des gênes visuelles sans modifier ni endommager l’originalité matérielle et esthétique existante.
Le dégagement des rajouts, tels que les repeints débordants et le vernis dénaturé a été effectué au moyen de solvants organiques appropriés après une analyse scientifique préliminaire sur les œuvres (prises photographiques en infra-rouge, ultra-violet, et macrophotographie). Le but du traitement a été de rétablir progressivement les effets chromatiques et tonals proches d’une esthétique présumée d’origine sans pour autant effectuer une élimination complète ou radicale des rajouts.
Dans un souci de réversibilité, les traitements ont été réalisés de manière minimale sans excès de produit, de chaleur et d’humidité qui auraient pu nuire à la pérennité des matériaux constituants. La réintégration des zones lacunaires comme les pertes de matière et l’usure des couches colorées a également a été réalisée de façon minimaliste et réversible dans le temps en respectant les parties originales existantes des œuvres.
L’ensemble de ces traitements ont permis de remédier aux dégradations du passé, de revivifier l’iconographie et de redonner à ces œuvres la place qu’elles méritent pour un avenir durable.

                                                                                               Toshiro Matsunaga Restaurateur